Epidemiological study of bovine brucellosis and its impact in public health in the Northwest of Ecuador

Les résultats de cette thèse sont présentés sous la forme d’un ensemble cohérent de cinq études.
1. – Estimation des sensibilités (Se) et spécificités (Sp) des tests de diagnostic, et estimation de la prévalence réelle (P.R.) de la brucellose bovine dans le nord l'Équateur : Afin d’estimer la P.R. de la brucellose bovine par zone et province, et les Se et Sp des tests utilisés, une étude a été menée entre 2005 et 2009 dans le nord-ouest du pays. Les résultats des tests sérologiques (n=3332), le Rose Bengale (RB), la séro-agglutination lente en tube en présence d'EDTA (SAT-EDTA), et le test d’immuno-absorption enzymatique indirecte (iELISA), ont été combinés à des informations "a priori" dans un contexte bayésien. La P.R. était de 2,1%, tandis que les Se et Sp étaient les suivantes, pour chaque test: Se=84% et Sp=98% pour le RB, Se=85% et Sp=99% pour le SAT-EDTA et Se=89% et Sp=97 pour l’iELISA. La zone 1 (OR=4,2) et la province de Pichincha (OR=6,62) ont été identifiés comme facteurs de risque. L'étude a mis en évidence que la différence de P.R. entre zones d'échantillonnage ne se situait pas au niveau des fermes (21,89% - zone 1 et 25,17% - zone 2), mais étaient surtout liées à la P.R. intra-troupeau (12,46% en zone 1 et 3,28% en zone 2). Brucella abortus biovar 4 a été isolée et elle a présenté des caractéristiques particulières.
2. – Découverte inattendue du vaccin Brucella abortus Buck (B19) chez des chèvres en Équateur : Afin d'évaluer la situation épidémiologique, une étude sérologique a été menée parmi les chèvres des provinces de Carchi (n=160), Pichincha (n=224) et Loja (n=2024). Seuls 2 résultats positifs en SAT-EDTA (≥400 UI/ml) ont été obtenus chez des chèvres en lactation, toutes 2 appartenant à une ferme de Quito (province de Pichincha). Cette étude démontre une prévalence apparente faible dans la province de Pichincha, et l'absence de la maladie dans les provinces de Carchi et Loja. Vingt-cinq échantillons de lait se sont révélés positifs au test de l’anneau (MRT) dans la province de Pichincha, ce qui représente une prévalence de 11,2%; un animal de la région de Quito a présenté une culture positive pour le B19. Plusieurs hypothèses peuvent être émises pour interpréter ce résultat, la plus probable étant l’utilisation accidentelle chez cet animal d'une aiguille utilisée au préalable pour immuniser les bovins avec le B19. Cette hypothèse nécessité d’implémenter des mesures de biosécurité pour prévenir de tels accidents.
3 – Détermination de la séroprévalence, des facteurs de risque et biovars de Brucella spp. chez l’homme en Equateur : la prévalence réelle de la brucellose humaine était inconnue. Les objectifs de cette étude étaient de (i) déterminer celle-ci, (ii) d'identifier les facteurs de risque liés à la séropositivité, et (iii) d’isoler les souches circulantes de Brucella spp. Entre 2006 et 2008, une grande enquête a été réalisée, sur base de prélèvements sanguins réalisés chez l’homme (n=3733). Les résultats de 3 tests de diagnostic utilisés en parallèle ont permis d’estimer une séroprévalence globale de 1,88% (IC 95% : 1,48-2,38). Une régression logistique multivariée a permis d’identifier les principaux facteurs de risque associés à la séropositivité chez l’homme: contact avec un élevage (OR=3), consommation de foetus et de placenta (OR=2,5), et participation à des activités à risque (OR=1,8). L’implémentation de campagnes de sensibilisation contre la brucellose, en particulier dans les zones rurales où vit 36% de la population, en parallèle à la lutte contre la maladie chez les animaux va aider à la prévention chez l’homme, comme il n’existe pas de vaccin en médecine humaine.
4 - Performance des tests utilisés pour le diagnostic de la brucellose humaine en Equateur : Une condition préalable à tout programme de prévention/contrôle consiste à estimer la prévalence réelle (P.R.) de la maladie. La P.R. de la brucellose humaine et les Se et Sp des tests de diagnostic (RBT, SAT-EDTA et iELISA) ont été estimées grâce à une approche bayésienne. Un total de 3733 humains ont été prélevés dans cette région de l'Equateur entre 2006 et 2008. Les résultats de 3 tests sérologiques ont été analysés par approche bayésienne avec prise en compte des dépendances entre tests, dans le but d’éviter toute erreur d'interprétation. La P.R. de la brucellose humaine a été estimée à 1% (95% ICr=0,4-1,6). Les sensibilités des tests iELISA et RB étaient plus élevées mais très similaires (respectivement 95,1% et 95%) en comparaison à celle du SAT-EDTA (60,8 %). Les tests RB et iELISA sont recommandés pour estimer la P.R. de la brucellose humaine dans le cadre des programmes de surveillance au vu de leur Se/Sp élevées. La stratégie proposée doit se baser sur des données factuelles que les décideurs doivent intégrer pour mettre en place des programmes de prévention/contrôle de la brucellose.
5 - Évaluation de l'importance zoonotique de la brucellose en Equateur : Cette étude de cas présente un homme de 44 ans issu d'une communauté rurale du nord de l'Equateur et qui a travaillé dans une ferme d'élevage. Il prenait part aux soins vétérinaires de base, dont l'assistance lors des naissances (ou vêlages), lors de rétentions placentaires et lors d'inséminations artificielles, sans prendre de précautions particulières. En Septembre 2009, il a brusquement développé de l’asthénie et de l’hypersomnie sans cause apparente, ainsi que des signes cliniques tels que fièvre, frissons, et sueurs nocturnes. Le 14/11/09, il a présenté de la douleur et de l'oedème au niveau du testicule droit, signes qui ont coïncidé avec une douleur abdominale. Les recherches clinique, sérologique et bactériologique ont confirmé le premier cas d'orchite unilatérale causée par Brucella abortus biovar 1 chez l'homme, en Équateur. Comme la brucellose est une maladie négligée, une attention particulière devrait lui être accordée dans le cadre des formations médicale et vétérinaire.